L’explosion de l’utilisation du téléphone portable a remis sur le devant de la scène la question de la pollution électromagnétique. Mais celle-ci est générée par de multiples autres sources, et ses effets restent incertains dans l’état des connaissances actuelles. Le point sur le sujet et les précautions à prendre.
La production d’électricité résulte du déplacement d’électrons qui possèdent déjà un champ électrique et vont alors (du fait de leur mouvement) générer également un champ magnétique. C’est la combinaison des deux, au cours de ces déplacements, qui va donner naissance à un champ électromagnétique.
Tout appareil électrique, lorsqu’il fonctionne, génère un tel champ dans son environnement immédiat. De plus, le transport de l’électricité à distance (par antennes notamment) produit un rayonnement électromagnétique classé en fonction de sa fréquence. Celle-ci peut être soit basse, soit intermédiaire, soit haute voire très haute. Le réseau électrique, l’électroménager ou encore les écrans cathodiques émettent sur de basses fréquences. En revanche, les ondes radio (dont celles utilisées pour les téléphones mobiles et le Wi-Fi), les radars, les fours à micro-ondes se situent quant à eux sur de hautes fréquences.
Certains effets de ce rayonnement sur la matière sont bien connus, comme par exemple le réchauffement des molécules d’eau utilisé dans les fours à micro-ondes. Mais des incertitudes subsistent quant aux seuils à partir duquel ces ondes deviennent inoffensives pour les organismes vivants, tant en termes de distance que de durée d’exposition. Cela tient notamment au manque de recul sur la question, la plupart des technologies incriminées étant d’usage très récent.
Des études aux conclusions contradictoires
A priori, la plupart des rapports officiels dans ce domaine semblent plutôt rassurants. Ainsi celui publié en mai 2006 par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) sur les réseaux de téléphonie mobile, qui conclut qu’il n’existe « aucun élément scientifique probant confirmant d’éventuels effets nocifs ».
Néanmoins, quelques doutes commencent à percer. Ainsi, en juin 2007, l’Office fédéral suisse de l’environnement, se basant sur des études précédentes, soulève la question d’une possible modification de l’ADN des usagers suite à une utilisation prolongée de leur portable.
De même, le SCENIHR (Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux), organisme de l’Union européenne, constate d’abord que « l’exposition humaine aux champs électromagnétiques a augmenté ». Puis il conclut à l’absence d’étude épidémiologique sur le long terme, et admet que « les enfants et les adolescents pourraient être plus sensibles que les adultes » à l’exposition aux radiofréquences, avec le risque d’une perturbation du développement du système nerveux et endocrinien. Or les dérèglements de ce dernier sont directement à l’origine de certaines formes de cancers…
D’autres enquêtes menées en Suède, en Israël font ressortir une corrélation entre la présence d’antennes relais et un taux anormalement élevés de tumeurs du système nerveux et de cancers de l’enfant. Aussi certaines voix s’élèvent-elles pour dénoncer un scandale sanitaire de l’ampleur de celui de l’amiante ou du sang contaminé. C’est le cas du CRIIREM (Centre de Recherche et d’Informations Indépendantes sur les Rayonnements Electromagnétiques), fondé par des scientifiques reconnus.
Quelles précautions prendre ?
Le CRIIREM a notamment conduit une étude auprès de personnes habitant à proximité de lignes à haute tension. Outre les cas plus fréquents de maladies rares et de cancers, l’organisme alerte contre les risques de troubles du sommeil et de la mémoire, de dépressions, etc.
Ce faisceau d’indices concordants commence à se traduire par les premières mesures sur le terrain. La Bibliothèque Nationale de France a ainsi récemment renoncé à s’équiper en Wi-Fi, accordant sa préférence à un réseau filaire. En Angleterre, plus de 200 parlementaires ont signé un projet de loi interdisant toute construction à proximité des lignes à très haute tension
Il paraît donc plus prudent de prendre quelques précautions. Côté portable, la plus élémentaire est bien sûr l’usage d’une oreillette et une utilisation quotidienne modérée. D’autres mesures sont également recommandées : ne pas utiliser de portable en dessous de 15 ans, et choisir les modèles possédant le plus faible DAS (Débit d’Absorption Spécifique). Par ailleurs, la distance de sécurité minimale par rapport à une antenne relais (ou une installation à haute tension) est de 200 m.
De même à la maison, il est préférable de ne pas dormir à proximité d’appareils électriques, et de débrancher ceux-ci lorsqu’ils ne fonctionnent pas (attention aux appareils en veille). Il est en outre préférable de limiter l’électrification de l’habitation, chaque fil supplémentaire générant un nouveau champ magnétique. Enfin, si vous travaillez sur ordinateur, pensez à faire des pauses régulièrement (toutes les deux heures environ).
Bertrand Mauvy
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