Ipsos Santé a interrogé 300 patients atteints d’une maladie psychiatrique fréquente, la maladie bipolaire. Cette enquête, intitulée ECHO et menée à l’initiative de 2 laboratoires pharmaceutiques, permet d’en savoir plus sur le vécu des personnes atteintes : conditions du diagnostic, du traitement, ressenti des hospitalisations, mais aussi vie quotidienne et retentissement sur les relations familiales et sociales.
300 patients bipolaires de type I (
alternance d’épisodes maniaques et d’épisodes dépressifs) ont été interrogés entre décembre 2008 et février 2009 par téléphone par Ipsos Santé, à l’initiative des laboratoires Bristol-Myers-Squibb et Otsuka. Deux tiers étaient des femmes, les trois quarts avaient une activité professionnelle. S’ils semblent bien comprendre leur maladie et ses conséquences, le sentiment d’isolement et de discrimination prédominent.Un retard au diagnostic de 5 ans en moyenneMême si 99 % des patients ont consulté au moins une fois leur médecin généraliste pour des signes annonciateurs de la maladie -symptômes dépressifs, grande fatigue-, le diagnostic n’est clairement posé qu’au bout de 5 ans, en général lors d’une hospitalisation qui permet de débuter le traitement. Cette hospitalisation survient le plus souvent en phase dépressive (41 % des cas), en moyenne à l’âge de 30 ans. Dans 38 % des cas, elle est secondaire à un épisode d’agitation et d’exaltation excessive (accès maniaque), et dans 18 % des cas elle est liée à une tentative de suicide, qui aurait peut-être pu être évitée si le diagnostic avait été porté plus tôt.3 patients sur 4 suivis par un psychiatre73 % des patients sont suivis par un psychiatre, dont 54 % par un psychiatre libéral ; 55 % sont suivis par un généraliste et 14 % par un psychothérapeute ou psychologue. Psychiatres et généralistes ont autant d’importance aux yeux des patients, 95 % déclarent trouver de l’aide et de l’écoute auprès d’eux. 93 % des répondants indiquent prendre des médicaments prescrits par ces professionnels de santé pour soigner leurs troubles.Des patients vigilantsDes effets secondaires des médicaments sont ressentis par plus de 8 patients sur 10, ce qui est malheureusement logique, ces médicaments étant très actifs, en tout cas lorsque la maladie n’est pas stabilisée. 60 % des répondants donnent même une note supérieure à 5 sur 10 sur la gêne occasionnée par les médicaments (en majorité des antidépresseurs et des anxiolytiques).Concernant les signes de rechute, près de 9 patients sur 10 connaissent leurs signes annonciateurs, qu’il s’agisse d’une phase maniaque ou dépressive. Les patients sont très attentifs et 64 % “font des efforts permanents pour prévenir les rechutes“ : surveillance de l’état émotionnel, fixation d’objectifs atteignables, etc. Cela nécessite une “grande dépense d’énergie“ et surtout un besoin de soutien, d’écoute, de compréhension des professionnels de santé et des proches, malheureusement pas toujours au rendez-vous.Un sentiment d’isolement et de stigmatisation
La maladie bipolaire, par sa chronicité, ses risques de rechute et ses nécessités thérapeutiques est déjà pénible à vivre au quotidien : confiance en soi défaillante, gène de la vie professionnelle, affective et sexuelle pour une grosse majorité, etc.
Malheureusement, il semble que la stigmatisation et l’incompréhension de l’entourage majorent ces difficultés : deux tiers estiment leurs troubles “sources de rejet“, trois quarts ont été l’objet de discrimination directement liée à leur maladie, au travail (50 % !), de la part des amis (44 %) et de la famille (36 %).Il est donc temps de changer le regard sur ces troubles, qui sont l’expression d’une véritable maladie chronique et non d’une humeur changeante, d’une tendance au blues. Une meilleure acceptation du grand public permettrait de diminuer les discriminations, mais aussi de faciliter le diagnostic, les préjugés le retardant. Enfin, l’ouverture de centres multidisciplinaires,
prévue dans les années à venir, devrait permettre d’optimiser la prise en charge et donc d’améliorer le vécu de cette maladie, qui touche 1 % de la population française.Jean-Philippe RivièreSource : “Enquête ECHO, première étude française du malade bipolaire de type I“, Dr Jean-Paul Chabannes, dossier de presse, 15 décembre 2009Click Here: NRL Telstra Premiership
Recent Comments