Le député de l’Isère Olivier Véran a remis à Marisol Touraine son rapport sur La filière du sang en France pour lequel il avait été missionné en mars dernier; à l’issue d’un travail de 4mois, il préconise de tenir compte des pratiques sexuelles des donneurs de sang plutôt que de leur orientation sexuelle. Une recommandation qui ouvre la voie à la fin de l’exclusion systématique des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes.
Vers l'ouverture du don du sang aux hommes homosexuels ?
Mandaté par le ministère de la Santé pour dresser un état des lieux de la filière du sang et proposer des recommandations pour l’améliorer, Olivier Véran fait le constat d’une “récente dégradation de la situation financière de ses deux principaux acteurs, l’EFS (Etablissement français du sang) et le LFB (Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies)“ qui a fragilisé la filière. L’arrivée de la concurrence a en effet réduit l’activité du LFB, entraînant un moindre besoin en plasma ; or, l’EFS avait justement investi dans des installations de collecte par aphérèse, une technique de prélèvement de certains composants du sang qui, du coup, sont “loin d’être amorties“, n’étant “que partiellement utilisées“.“Confrontée à des enjeux d’efficience, de compétitivité et de gouvernance“, l’organisation de la filière du sang doit donc être revue et améliorée. Pour ce faire, Olivier Véran liste 30 propositions “portant à la fois sur l’organisation de la filière et sur les principales problématiques soulevées aujourd’hui en son sein“. Plusieurs d’entre elles concernent directement les donneurs, puisqu’il est question “d’actualiser les critères de sélection des donneurs, notamment en faisant évoluer le questionnaire, pour plus de sécurité, de l’orientation sexuelle vers [leur] niveau de risque individuel“. Autrement dit, le député de l’Isère suggère de ne plus considérer
l’homosexualité masculine comme un critère d’exclusion systématique mais de considérer les risques associés aux pratiques sexuelles. D’autant que d’un point de vue scientifique, les critères actuels ne sont pas entièrement satisfaisants, assure-t-il, s’appuyant sur des données de l’Institut de veille sanitaire (InVS) selon lesquelles l’utilisation du questionnaire ne réduit pas suffisamment le risque qu’un donneur potentiellement contaminant soit prélevé.Si elle reconnait qu’elle “n’a pas à prendre position sur une révision précise de tous les critères d’éviction“, la mission “appelle à sortir du statut quo“ sur cette question. Elle suggère, “pour neutraliser toutes les tensions morales et les dérapages […] d’affiner le questionnaire pour ne retenir que des normes sanitaires non sujettes à interprétation“. Et insiste sur le fait que “d’un point de vue scientifique, les critères actuels ne sont pas satisfaisants“. Selon Olivier Véran, “les mentalités sont prêtes à s’en tenir à des critères objectifs et rigoureux, sachant que le seul objectif doit être la meilleure sécurité possibles pour les receveurs, sans mise en danger des donneurs“.La mission s’interroge également sur l’éviction systématique et à vie des personnes ayant bénéficié d’une transfusion ou ayant séjourné en Grande-Bretagne plusieurs mois au cours de la
crise de la vache folle. Et préconise, in fine, de mettre fin au retrait de lots pour cause de détection de
maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique, comme c’est le cas dans d’autres pays.Quant à abaisser à 16 ans la limite d’âge auquel donner son sang, les auteurs du rapport, s’appuyant sur les avis de professionnels de la transfusion sanguine, considèrent “que cela n’irait pas sans risques“. Et de citer le malaise, plus fréquent à l’adolescence qu’à l’âge adulte, et, d’un point de vue plus philosophique, le message que cela enverrait aux jeunes “d’une société qui aurait besoin de faire appel à des mineurs pour répondre à des enjeux sanitaires“. Ils suggèrent donc de mener une “réflexion fondée sur des critères sanitaires et éthiques“.Amélie PelletierSource : “La filière du sang en France“, Rapport du député de l’Isère Olivier Véran, remise le 16 juillet 2013 à Marisol Touraine, ministre de la Santé (
téléchargeable sur Internet).
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