Halte aux fausses promesses sur les produits alimentaires ! Tel est le message qui se dégage du rejet de 1 600 allégations santé par la Commission européenne. Ces allégations concernent des ingrédients qui composent de nombreux compléments alimentaires, comme des oligo-éléments, des vitamines, des bactéries probiotiques. Elles concernent aussi des fibres, des chewing-gums… et même l’eau! Seules 222 ont été autorisées, ce qui devrait sérieusement réfréner les allégations santé sur les emballages des compléments alimentaires et autres présumés alicaments. Prochaine étape: la mise en conformité de milliers d’emballages, boîtes, notices et publicités d’ici le 1er décembre 2012.
Les allégations santé de 1600 produits alimentaires ont été retoquées par l'UE; Seules 222 ont été acceptées.
222 allégations acceptées par l’EuropeLes allégations santé rassemblées dans le fichier ci-dessous, en anglais, concernent des composés nutritionnels et proviennent d’un
moteur de recherche mis en place sur le site de la Commission. Elles correspondent à des effets scientifiquement vérifiés par les experts européens, qui ont pour cela épluché les résultats de centaines d’études et rapports.Le rôle positif de la vitamine C contre la fatigue, sur le fonctionnement du système nerveux ou celui du système immunitaire est par exemple reconnu.De même, l’Europe reconnaît la contribution du calcium au bon état des os et des dents, au bon fonctionnement musculaire, à la transmission neuronale, au bon fonctionnement des enzymes digestives ou encore au métabolisme énergétique.Certains chewing-gums peuvent continuer aussi à affirmer qu’ils réduisent la plaque dentaire (chewing-gums au xylitol), neutralisent l’acidité ou aident à réduire la déminéralisation des dents (chewing -gums sans sucre).Quant aux vendeurs d’eau en bouteille, ils pourront toujours dire que boire de l’eau, minérale ou non, “contribue au maintien des fonctions physiques et cognitives“ et à celui d’une “régulation thermique normale“.Les principales affirmations rejetées par l’EuropePrès de 90 % des allégations étudiées ont été rejetées. Le fichier PDF ci-dessous, téléchargeable aussi
sur le site de la Commission Européenne, rassemble les allégations autorisées et non autorisées (toujours en anglais).Il est difficile de résumer tous les arguments “nutrition et santé“ repoussés par les experts européens.Par exemple, pour le calcium, l’Europe a retoqué d’autres allégations pourtant souvent mentionnées sur cet oligo-élément, comme “le calcium contribue au bon fonctionnement des cellules“, “le calcium aide au contrôle du poids“, “maintient la tension artérielle“, “diminue la fatigue“, “contribue au maintien d’une bonne cognition“, etc.On peut noter aussi, parmi les 1600 refus, qu’aucune des 120 allégations soumises concernant des bactéries probiotiques (bactéries destinées à améliorer telle ou telle fonction, digestive, immunitaire ou autre) n’a été autorisée, qu’il s’agisse de bactéries seules ou associées. Bien sûr, toutes n’ont pas été soumises à l’examen, loin de là, mais cela confirme tout de même que la recherche sur ces micro-organismes, certes très prometteuse, n’en est encore qu’à ses tout débuts et qu’il est, sauf dans quelques cas particuliers (diarrhée liée aux antibiotiques par exemple), encore trop tôt pour faire des promesses santé, insuffisamment étayées par la science.Des modifications des boîtes, notices et publicités d’ici 6 mois
Ces allégations sur des produits alimentaires ont été transmises aux industriels européens qui distribuent tel(s) oligo-élément(s), telles vitamines, tels probiotiques, etc. Ces fabricants ont jusqu’au 1er décembre 2012 pour mettre en conformité leurs emballages, notices et publicités avec ce qui est autorisé.Vous risquez donc de voir profondément changer les emballages des compléments alimentaires et autres vendus dans les pharmacies et supermarchés, en France et dans le reste de l’Union Européenne.Mais ce tri aura une autre conséquence, probablement perçue comme positive par les industriels comme par les éventuels clients : les allégations acceptées par l’Europe seront sûrement mises en valeur sur les emballages et boîtes, voire se transformeront en arguments marketing.Compléments alimentaires : servent-ils vraiment à quelque chose ?
En attendant ces changements qui écarteront les allégations fallacieuses ou encore insuffisamment étayées par la science, certain(e)s d’entre vous continueront probablement à prendre divers compléments, alicaments ou vitamines.Il faut avoir à l’esprit qu’en dehors de certaines indications précises (
carence en folates pendant la grossesse,
anémie liée à un manque de fer, renforcement du capital osseux, etc.), ces produits ont très rarement montré leur efficacité. De plus en plus d’études montrent d’ailleurs que la prise de tels produits au long cours, de soi-même (sans avis de professionnels de santé), expose à des risques, en particulier en cas d’apports élevés.
Une étude récente a par exemple été réalisée sur 78 études cliniques rigoureuses ayant inclus 296 707 participants, dont 80 000 atteints de diverses maladies. L’analyse des données a montré que la prise régulière (de 28 jours à 12 ans !) de bêta-carotène, vitamine A, vitamine C, vitamine E ou de sélénium n’avait pas d’effet préventif significatif sur la mortalité, que ce soit chez les personnes malades ou sans problème de santé.Pire, le bêta-carotène et la vitamine E semblent augmenter la mortalité, toujours selon cette analyse de la Collaboration Cochrane, ainsi que la prise de doses élevées de vitamine A. Alors qu’ils sont souvent pris pour un effet inverse (protection anti-cancer supposée) !Le bon sens d’abord !
De nombreux compléments nutritionnels peinent donc à montrer une quelconque utilité santé, comme le confirment le travail ci-dessus et celui de la Commission Européenne, qui s’est également appuyée sur des centaines d’études (elle doit encore examiner 2200 autres allégations santé). Certes, le calcium, le sélénium, le zinc, le fer ou encore la vitamine B12, B6, etc. ont une utilité pour pallier des carences ou corriger certains états pathologiques et peuvent donc être pris sans crainte, surtout s’ils vous ont été conseillés par un professionnel de santé qualifié (gynécologue en cas de grossesse, médecin en cas d’anémie, fatigue, ostéoporose, etc.). Mais il paraît nécessaire de ne pas prolonger leur utilisation sans avis médical et d’éviter, si possible, l’automédication à l’aveugle, chère et a priori le plus souvent inefficace. Par contre, tous les experts, commissions et autres sont d’accord sur un point, même si vous devez être lassé(e)s de toujours lire ces phrases… : les meilleurs atouts pour vivre en bonne santé restent l’alimentation variée, équilibrée, avec suffisamment de fruits et légumes, un minimum d’activité physique… et
du bonheur !Jean-Philippe RivièreSources : –
EU Register on nutrition and health claims, mai 2012 (moteur de recherche permettant d’accéder aux allégations santé autorisées et non autorisées). Le premier fichier présent dans cet article a été extrait via ce moteur, le deuxième a été
mis en ligne par la Commission Européenne.- “Antioxidant supplements for prevention of mortality in healthy participants and patients with various diseases“, Goran Bjelakovic, Dimitrinka Nikolova, Lise Lotte Gluud, Rosa G Simonetti et Christian Gluud, Cochrane Database of Systematic Reviews,
résumé détaillé publié en ligne le 14 mars 2012 (en anglais)Click Here: Maori All Blacks Store
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