En vente depuis le 15 septembre, le premier autotest de dépistage du VIH aurait été vendu à plusieurs milliers d’exemplaires selon le fabricant. Des chiffres qui confirmeraient l’intérêt d’un tel outil pour atteindre les 30000 personnes qui sont porteuses du VIH sans le savoir en France.
Sida : plusieurs dizaines de milliers d'auto-tests vendus en deux mois.
Le dépistage en France repose sur les laboratoires de ville, les centres de dépistage anonymes et gratuits, les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) communautaires… Ce dispositif permet de réaliser 5 millions de tests par an. Depuis septembre 2015, des autotests de dépistage du VIH sont disponibles en pharmacie. Le fabricant dresse un premier bilan sur cet outil complémentaire de dépistage pour les personnes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas recourir aux autres offres de dépistage déjà existantes.30 000 Français sont porteurs du VIH sans le savoirFace au virus du sida, la prévention et le dépistage sont des priorités. Un dépistage précoce permet d’améliorer l’efficacité de la prise en charge tant pour le patient que pour la collectivité, limitant la propagation potentielle de l’épidémie. Pourtant, 1/3 des nouveaux diagnostics chez les personnes hétérosexuelles et 1/6 parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) est tardif.En 2013, 6220 personnes ont découvert leur séropositivité (4274 hommes et 1946 femmes). Un chiffre stable depuis 2007. Parmi ces nouveaux cas, 55% ont été contaminés par des rapports hétérosexuels, 43% par des rapports entre hommes et 1% par usage de drogues injectables. On estime à 150 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH dont 30 000 (20%) qui l’ignorent.Aujourd’hui, pour lever les freins encore existants au dépistage (précarité sociale et économique, estimation biaisée du risque couru, sentiment de ne pas être concerné, horaires d’ouverture insuffisants ou inadaptés pour une partie des centres de dépistage, capacité de l’accueil et/ou du conseil, maillage territorial rendant l’accès plus ou moins facile à un centre…), le ministère de la Santé a récemment autorisé la commercialisation des autotests de dépistage du VIH en officine.Des dizaines de milliers d’autotest VIH vendus en deux moisSelon les chiffres fournis par le fabricant, au 31 octobre, près de 70 000 autotests VIH avaient déjà été commandés par quelque 9.000 pharmacies réparties sur l’ensemble du territoire (DOM TOM inclus). “Il est encore un peu tôt pour avoir des données précises sur les ventes“, a indiqué le fabricant à l’AFP, tout en l’estimant à “plusieurs dizaines de milliers d’autotests vendus en l’espace d’un peu plus de deux mois“.Distribué dans les pharmacies par le laboratoire Mylan, l’autotest VIH accessible sans ordonnance se présente sous la forme d’un kit permettant de détecter dans le sang les anticorps produits après une infection par le virus du sida. Le test est réalisé à partir d’une goutte de sang et le résultat est obtenu en l’espace de 15 à 30 minutes.
Selon le fabricant, le prix moyen de l’autotest constaté sur les sites internet des pharmacies va de 19,9 euros à plus de 30 euros et se situe en moyenne entre 27 et 30 euros dans les officines. Juste après sa mise en vente, plusieurs associations avaient protesté contre son coût élevé, estimant qu’il constituait un “frein“ à son utilisation chez les jeunes et chez les migrants par exemple.Un premier dépistage pour un tiers des utilisateursAu 31 octobre, Sida Info Service avait enregistré 652 appels concernant l’autotest. Parmi ces appels, seulement 3 % concernaient un accompagnement dans la réalisation de l’autotest. Les outils d’aide à la réalisation du test ont été fortement utilisés (plus de 26 000 visionnages des vidéos d’aide à la réalisation du test sur le site
www.sida-info-service.org et plus de 15 000 connexions sur le site
www.autotest-sante.com).Selon une enquête menée sur 407 autotests vendus en ligne du 15 septembre au 15 octobre, il s’agissait d’un premier dépistage du VIH pour 36 % des acheteurs. Parmi eux, 28% déclaraient qu’ils ne seraient pas allés dans un centre de dépistage si l’autotest n’avait pas été disponible en pharmacie. Même si ces données ne peuvent être représentative de l’ensemble des acheteurs, elles soulignent que ces tests touchent une population qui n’aurait pas eu naturellement recours aux autres moyens de dépistage. Ces premiers chiffres semblent confirmer l’intérêt de ce nouvel outil de dépistage, même si son prix élevé reste un frein pour les populations les plus précaires. Par ailleurs, deux études lancées sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) permettront de mesurer l’efficacité de ce nouveau dispositif.David BêmeSources :Autotest VIH – premier bilan positif – communiqué de AAZ – novembre 2015Découvertes de séropositivité VIH et Sida, France, 2003-2013 – BEH n°9-10 – mars 2015 (
accessible en ligne)Illicopharma.com. Enquête menée sur 407 autotests vendus du 15 septembre au 15 octobre 2015AFP/Relaxnews
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